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Histoires de thérapie

Arthur

Son problème est apparu lorsque son épouse a fait une dépression.

Ces témoignages préservent l'anonymat des personnes. Les prénoms ont été modifiés. Certains détails géographiques ou professionnels sont légèrement changés. Les photos proviennent de catalogues de photos libres de droits.

Arthur

Son passé

L’éjaculation trop rapide est apparue lorsque sa compagne est entrée en dépression. Une fois divorcé, Arthur a découvert que son problème persistait avec ses nouvelles partenaires.

La thérapie

Arthur a suivi ma thérapie dans sa formule avec des vidéos enregistrées et un accompagnement par email.

Son parcours

Arthur est d’un caractère anxieux. Sa capacité de maitrise dépend beaucoup de sa connexion avec sa partenaire et du contexte dans lequel se déroule le rapport amoureux.

Arthur a 37 ans. Il a été difficile pour lui de faire la démarche de corriger son trouble sexuel.

Bonjour, Arthur, pouvez-vous vous présenter, s’il vous plaît ?

Je m’appelle Arthur, j’ai 37 ans, je suis divorcé. J’ai longtemps travaillé en tant que journaliste pigiste, mais je me reconvertis assez récemment pour travailler dans le secteur bancaire.

Je crois que votre première histoire amoureuse s’est transformée en une relation qui a duré ?

Oui ! J’ai débuté ma vie sexuelle un peu tard, j’avais 21 ans.J’ai rencontré Élodie sur les bancs de l’école. Nous avons d’abord été amis. À mes 21 ans, elle est devenue ma première petite amie. Et nous avons fini par nous marier. Pendant longtemps, elle est restée pendant longtemps la seule femme avec laquelle j’avais couché.

Est-ce que votre couple fonctionnait bien ?

Oui, très bien, même. On était tous les deux très amoureux et très fusionnels. On était tout le temps ensemble. On formait un de ces couples qui ne fait rien l’un sans l’autre.

Pendant plus de six ans, il n’y a eu aucun problème. Sexuellement, je n’avais aucun dysfonctionnement. Ça se passait bien. Je ne me chronométrais pas, mais je pense que les pénétrations duraient entre 5 et 10 minutes.

Ça nous convenait très bien à tous les deux, la durée de la pénétration ne posait aucun problème.De toutes les façons, Élodie n’aimait pas trop quand les rapports sexuels duraient trop longtemps.

Quand est-ce que les choses se sont dégradées ?

Au moment où nous avons décidé de nous marier.On était très amoureux. Ma mère me mettait pas mal de pression, aussi.

Mais peu de temps avant le mariage, un scandale très désagréable a éclaté dans la famille d’Élodie. Son beau-père était infidèle. Élodie a découvert qu’il trompait sa mère avec une collègue 25 ans plus jeune.

Ça peut sembler surprenant parce que ça ne la touchait pas directement, mais pour Élodie, cette situation a été extrêmement difficile à vivre. Elle était très perturbée, mais elle a voulu tenir bon pour aller jusqu’à notre mariage. Par contre, dès que nous sommes rentrés de notre voyage de noces, elle s’est totalement effondrée.

C’était en 2012. Élodie est tombée en dépression. Habituellement, c’est une femme joviale, pleine d’entrain. Tout a disparu. On ne parle pas assez de l’impact dévastateur que cause une vraie dépression. Avant, nous étions dans une très grande connexion, dans tous les domaines. Et d’un seul coup, on ne se parlait plus. C’était difficile à vivre. La situation a fait aussi remonter en moi de mauvais souvenirs mal digérés de mon enfance et de mon adolescence. Sexuellement, la connexion n’était plus là. J’ai découvert aussi que je m’ennuyais, à faire l’amour de la même façon avec Élodie depuis toutes ces années.

Mon problème est apparu quand mon épouse a débuté sa dépression

Faire durer un couple, y compris dans le domaine de la sexualité, c’est toujours un défi. En particulier quand on se met en couple jeune, avec son premier partenaire. Tous les couples n’ont pas forcément besoin d’une grande variété sexuelle. Certains couples vont faire l’amour pendant des dizaines d’années sans changer de position, mais les deux partenaires resteront pleinement satisfaits. J’ai le sentiment que chez vous, ce sont plutôt vos problèmes relationnels qui ont rendu cette répétitivité soudainement pénible.

Oui, effectivement. Il faut surtout dire qu’on faisait de moins en moins souvent l’amour. Du coup, j’ai commencé à me questionner de plus en plus sur notre sexualité. Élodie était complètement absente pendant les rapports. On avait perdu toute notre connexion.

Et c’est comme ça, en 2012, que j’ai commencé à éjaculer bien trop vite. Je me sentais mal aussi, à l’époque. J’ai débuté une psychanalyse. Sexuellement, j’étais de plus en plus inquiet.

J’ai un souvenir particulièrement marquant, à ce sujet. À l’occasion d’un enterrement de vie de garçon, je suis parti entre amis, faire la fête à Prague.Après être allée boire des verres dans une boîte de strip-tease, la bande est allée dans un bordel, pour coucher avec des prostituées. Presque toute la bande y est allée. J’ai refusé. Mon problème d’éjaculation précoce m’a bloqué. Je suis resté à côté, à attendre au pub.

Quelques jours juste après mon retour, une autre chose m’a marqué. Je suis passionné de musique. Comme souvent, je suis allé à la Fnac écouter les nouveautés. Et là, une fille est venue me draguer en parlant de musique. J’étais en couple depuis longtemps. Et marié. L’idée même que je pourrais plaire à d’autres femmes ne m’effleurait pas. Je ne pensais pas à ça. J’étais aussi un peu naïf. Mais quand cette fille m’a invité à prendre un verre « juste pour parler de musique », j’ai bien compris qu’elle n’avait pas que ça derrière la tête.

Je n’ai pas trompé Élodie. Je ne voulais pas lui faire ça, en particulier dans une période où elle était aussi mal. Mais intérieurement, ces deux événements m’ont chahuté. Pendant les 6 mois qui ont suivi, je ne savais plus où j’en étais. On a dû faire l’amour 4 fois au maximum, sur cette période.

On a parlé toute la nuit. Notre couple était relancé.

Le mal-être a dû être d’autant plus intense que votre couple était particulièrement fusionnel. On idéalise parfois beaucoup la fusion qui s’opère dans un couple. Ce lâcher-prise est précieux, c’est le signe d’une grande confiance placée en l’autre. Mais la fusion au sein du couple peut devenir dangereuse quand on y renonce à une partie de son individualité. On se retrouve alors co-dépendant de l’autre. On se retrouve particulièrement tributaire de l’état émotionnel de l’autre.

Oui, pour nous cette co-dépendance très forte était parfaite quand tout allait bien. Mais elle a fini par devenir nocive. Sexuellement, j’éjaculais systématiquement très vite. Élodie ne présentait aucun signe d’agacement à ce sujet, par contre.

La situation a continué à être extrêmement difficile. Mais à l’été 2014, il s’est passé quelque chose. Un soir, nous avons fait une mise à plat de notre couple. La discussion a duré toute la nuit. On s’est tout dit. Ça nous a fait énormément de bien et notre couple s’en est retrouvé relancé. Et comme par magie, mes problèmes sexuels se sont résolus… …mais ça n’a pas duré. Élodie est tombée enceinte de Julien, notre fils.

On était ravis, mais dès qu’on a repris les rapports sexuels après l’accouchement, l’éjaculation précoce est revenue. Nous nous sommes ensuite séparés, avec Élodie. Lorsque j’ai couché avec de nouvelles partenaires, je me suis retrouvé à éjaculer le plus souvent avant même l’intromission. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de suivre votre thérapie.

Avant de vous donner mon avis, j’aimerais avoir le vôtre : selon vous, qu’est-ce qui provoquait chez vous ce problème d’éjaculation précoce ?

Je crois que je suis particulièrement sensible à ma connexion à l’autre. J’ai l’impression que beaucoup d’hommes peuvent faire l’amour de façon presque mécanique.

Moi, si je ne ressens pas une très bonne connexion avec ma partenaire, l’éjaculation précoce me tombe dessus.

Ce n’est pas si rare. On trouve aussi de nombreux hommes qui ne parviennent pas à entrer en érection s’ils n’ont aucun sentiment pour leur partenaire. Mais chez vous, il semble que votre problème d’éjaculation précoce est fortement lié à votre anxiété. D’abord pendant six ans, puis avant cet accouchement, vous n’avez pas eu de problème d’éjaculation précoce. Vous savez donc été capable de trouver en tâtonnant les petites techniques qui permettent de se contrôler. Mais quand vous êtes moins connecté à votre partenaire, je pense que ça provoque chez vous de l’anxiété. On sait maintenant que l’anxiété modifie le fonctionnement du corps et accélère directement le déclenchement de l’éjaculation. Vous avez connu des périodes de maitrise et d’autres où vous éjaculiez en quelques secondes. Pour avoir ressenti les différences vous-même, vous le savez : réussir à se maitriser ou non, ça peut parfois se jouer à très peu de choses !

Oui, c’est vrai.

Vous avez suivi la thérapie consciencieusement durant trois mois. Que vous a-t-elle apporté ?

Pour commencer, elle a mis des mots sur ce qui m’arrivait. Mon problème me semblait flou. Incontrôlable. Insaisissable. Même si je savais que ce n’était pas le cas, j’avais l’impression d’être seul au monde avec un problème inexplicable.

La thérapie m’a permis de retrouver de la rationalité. L’éjaculation précoce est connue. Elle a été analysée scientifiquement. Il existe des termes techniques pour décrire ce que je ressens. Elle m’a expliqué aussi ce qui est normal dans la sexualité masculine ; ce qui ne doit pas m’étonner. Pour une personne anxieuse comme moi, ce savoir technique est rassurant.

La thérapie m’a aussi fait découvrir que j’approchais la sexualité d’une façon un peu tordue. Par exemple, dès le début d’un rapport sexuel, je suis impatient de pouvoir ressentir mon orgasme.

Je ne souhaite pas qu’il arrive trop tôt, mais au niveau des sensations, l’éjaculation, c’est ce que j’apprécie le plus. J’ai découvert qu’avant, j’étais incapable de profiter tranquillement du début d’un rapport. Je me concentrais déjà sur la façon dont il allait se terminer.

Au niveau personnel, je me crée des exigences monumentales. Je suis bien exigeant envers moi-même qu’envers les autres. La thérapie m’a appris que dans le domaine de la sexualité, ce n’est pas bon d’être aussi exigeant. Non seulement ce n’est pas épanouissant, mais c’est contre-efficace.

J’ai aussi appris à faire attention à certains aspects que j’ignorais complètement. Comme la façon de mener les préliminaires, par exemple. Avant, pendant les préliminaires, je n’avais aucune stratégie particulière. Je pensais seulement à mon plaisir et à celui de ma partenaire. Maintenant, je sais que je dois aussi guider les préliminaires d’une certaine façon, pour créer un contexte qui me permettra de gérer mon excitation.


Je tiens à remercier chaleureusement Arthur pour son témoignage.